INTRODUCTION

La Fondation de l’innovation numérique (FIN) est une organisation non-gouvernementale (ONG) ou sans but lucratif (OSBL) incorporée au Québec. Elle est dirigée par des professeur.e.s d’université et implique principalement des universitaires dans des projets de recherche scientifique et de développement expérimental (RS&DE) axés sur la recherche appliquée. L’organisation étant toujours en émergence, son statut légal est officialisé et les bénévoles sont de plus en plus nombreux. Comme premier projet financé, l’équipe propose d’aider des pays ayant le plus besoin d’adoption numérique. Parmi les plus intéressants, et vu l’intérêt de nos collègues et partenaires universitaires dans le pays, Madagascar nous invite à créer un Centre d’innovation numérique en gestion durable (CING-D) dans une région en émergence, Analanjirofo, plus précisément sur Nosy Boraha, Commune de Sainte-Marie.

DÉFIS EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT

Problématique

L’adoption des Technologies de l’information et des communications (TIC) et l’innovation numérique vient transformer la plupart des secteurs socio-économiques. La capacité des pays à y faire face est principalement fonction de la qualité de ses universités pour former la relève novatrice, promouvoir l’entrepreneuriat numérique, et surtout codévelopper et transférer des innovations avec les organisations des secteurs privé et public.

Les pays les plus pauvres au monde sont présentement les moins probables d’avoir cette capacité, mais nous devons agir immédiatement pour éviter qu’elle ne soit les derniers à développer à les adopter. De plus, puisque leurs universités partent avec moins de moyens, ces pays doivent être priorisés pour que leurs universités rattrapent rapidement au moins une capacité moyenne parmi les pays du même rang de l’indice de développement humain (IDH).

De plus, l’innovation numérique est trop peu axée sur la gestion durable, car trop d’entreprises mettent en marché des innovations onéreuses en énergies, requérant des équipements trop chers et connectés, et non axées sur les besoins locaux. Les organisations manquent aussi de capacité à codévelopper des innovations numériques pour renforcer les secteurs les mieux adaptés au développement durable, e.g., écotourisme, aquaculture, etc. Plusieurs opportunités d’innovation demeurent sans investissement, que ce soit par les secteurs public ou privé.

Situation

Madagascar est l’un des pays les plus intéressants pour l’innovation numérique en gestion durable. Les besoins d’adoption des TIC sont des plus urgents au monde, mais vu le retard, l’opportunité existe d’enraciner un mode d’innovation numérique natif à ce pays. Ayant peu de développement à ce jour, la porte est ouverte pour faire que les priorités d’investissement aillent vers les secteurs de gestion durable, plutôt que seulement les secteurs traditionnels. La richesse de sa biodiversité, et une culture en quête de changements à tous les niveaux, rend Madagascar une société prête à s’investir dans cette transformation numérique nationale.

L’urgence d’agir est certaine, selon les principaux rapports des organisations internationales. En 2024, le PNUD de l’ONU classait Madagascar parmi les 15 pays de 193 ayant le plus faible IDH [1] (voir références bibliographies en dernière page). La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), ayant publié en 2025 la mise à jour de son Indice de Croissance Inclusive (ICI) pour l’année 2023, montre que Madagascar figure 106ième parmi 134 pays, ayant ainsi parmi les moindres performances inclusives [2].

Du côté du niveau de développement numérique, l’Union internationale des télécommunications (UIT), ayant publié son Indice de développement des TIC en 2024, classait Madagascar parmi les 5 pays ayant les moindres ressources numériques [3]. En 2023, le National Cyber Security Index (NCSI) du e-Governance Academy Foundation (eGA) classait Madagascar au 143ième rang pour la sécurité numérique [4]. Le Network Readiness Index (NRI) classait Madagascar au 125ième rang de 133 mesurés [5]. La CNUCED a classé Madagascar en 2020 parmi les 17 pays ayant le plus faible indice de préparation au commerce numérique [6]. Enfin, la Banque Mondiale en 2019 a évalué le niveau de compétitivité numérique, et a confirmé que les principaux obstacles se situent au niveau des compétences numériques de la population et les talents entrepreneuriaux pour lancer des solutions natives au pays [7, pp.69-79].

Enjeux

Par ses faibles niveaux de développement humain, inclusif et numérique, Madagascar présente de très grands enjeux liés à l’égalité des genres (écarts entre les genres, inégalités et obstacles), aux droits de la personne et à la durabilité environnementale. Parce qu’il permet de rejoindre toutes et tous de manière égale, et surtout donne à chaque citoyen.ne la capacité de s’impliquer dans l’économie numérique, l’innovation numérique en gestion durable est l’un des moyens les plus propices à surmonter simultanément tous ces enjeux, et ce au niveau local pour les secteurs prioritaires du pays.

SOLUTION

Mission

La création du nouveau Centre d’innovation numérique en gestion durable (CING-D), comme projet de développement international au sein de la Fondation de l’innovation numérique (FIN), permet de rencontrer les besoins locaux à Madagascar, pour une région pilote, Nosy Boraha.

Les objectifs ultimes du CING-D sont la recherche, l’enseignement et l’inclusivité :

  1. Recherche appliquée sur l’innovation numérique en gestion durable, rehaussant la capacité enseignante des universités partenaires, et favorisant les recherches conjointes entre Canada et Madagascar, surtout par le codéveloppement de projets d’innovation locaux impliquant des expertises et ressources internationales, et aussi de la formation à la recherche via des programmes d’étude supérieur de 2ième et 3ième cycles.
  2. Enseignement et formation techniques et professionnels (EFTP), de niveau « passerelle » entre post-bac et pré-universitaire, axés sur l’innovation numérique, desservant les jeunes diplômé.e.s du lycée ou en voie de l’être sur l’île Nosy Boraha voulant se spécialiser en gestion durable, dont les heures de formation permettront l’atteinte d’un niveau propice à l’admission dans des programmes universitaires à Analanjirofo.
  3. Assurer un développement numérique équitable, inclusif et durable en priorisant la défense de l’égalité entre les genres, les droits des femmes, ainsi que l’éducation pour surmonter la discrimination et l’égalité d’accès à la compétence en innovation numérique et gestion durable.

Objectifs

Dans le cadre logique, les objectifs du CING-D sont des objectifs intermédiaires pour remplir les objectifs ultimes identifiés précédemment :

1. Recherche :

    1. Financer des projets de recherche conjoints entre les universités partenaires, assurant la présence des profs dans des conférences internationales.
    2. Rehausser la capacité d’enseignement et de recherche des universités partenaires de la région, utilisant Nosy Boraha comme lieu de stages et d’expertise internationale.
    3. Contribuer aux organismes locaux par des solutions numériques novatrices et ouvertes.
    4. Prêter gratuitement à la Commune et aux organisations des infrastructures numériques de base (e.g., serveurs, réseaux) pouvant les aider à tester les solutions et l’utiliser en production durant la phase d’appropriation et de lancement de la solution.

    2. Enseignement :

    1. Former gratuitement les jeunes à des emplois utilisant le numérique de pointe en entreprise.
    2. Transférer les compétences numériques en gestion durable dans les secteurs clés de Nosy Boraha.
    3. Préparer les jeunes pour admission aux études universitaires constituant des cohortes locales qui continueront de contribuer à l’économie, pour éventuellement ouvrir un nouveau campus pour l’Université d’Analanjirofo.
    4. Créer des entreprises locales se distinguant par l’entrepreneuriat numérique avec des partenariats internationaux, et possiblement attirer des investissements étrangers.

    3. Inclusivité :

    1. Adresser des problématiques de représentativité et d’inclusivité dans les activités de recherche et d’enseignement, que ce soit par des objectifs spécifiques d’évaluer l’égalité des genres dans l’accès aux ressources numériques, ou en priorisant les droits des femmes à l’acquisition de compétences numériques, ou encore l’entrepreneuriat numérique chez les femmes.
    2. Promouvoir l’inclusivité de toutes les parties prenantes de la société, tout en donnant une place dans les communautés numériques sans discrimination, et ainsi favorisant une plus grande équité dans les droits humains du numérique.
    3. Assurer une gouvernance inclusive des projets d’innovation numérique en gestion durable, surtout en favorisant l’égalité des genres dans les projets et les comités du CING-D.

    Actions

    Pour remplir ces objectifs, les actions suivantes sont prévues, axées sur des résultats mesurables à fréquence mensuelles, et ainsi pouvant faire l’objet d’amélioration à tout moment :

    1. Projets de recherche appliquée, conjointement entre universités partenaires du Canada et de Madagascar, et prestation de programmes de 2ième et 3ième cycles pour rehausser la capacité enseignante et scientifique des universités partenaires.
    2. Formations gratuites de courte durée (d’une journée à une semaine), en petits groupes présentiels de 10-20, avec une personne enseignante détenant un diplôme universitaire dans une discipline en innovation numérique et/ou en gestion durable.
    3. Configuration et gestion des installations, outils numériques, et activités pour assurer les principes d’inclusivité dans toutes les facettes : plateformes, communications, contenus, tableaux de bords, internet des objets, drones, senseurs, science des données, etc.

    Domaines de compétences

    Les domaines d’application de l’innovation numérique en gestion durable visent, selon les besoins identifiés par nos partenaires de Madagascar, des secteurs prioritaires pour Nosy Boraha, offrant des compétences couvrant une partie des formations de niveau licence L1 déjà offertes par l’Université d’Analanjirofo et/ou l’Université Toamasina, partenaires du CING-D :

    1. Écotourisme (License en tourisme)
    2. Aquaculture (License en agronomie)
    3. Foresterie (License en agronomie – option agro-management)
    4. Coopératives (License en économie)
    5. Aménagement (License en géographie)
    6. Santé (License en paramédicaux)
    7. Éducation et culture (License en anthropologie)
    8. Gouvernance (License en droit – option droit public)

    Les universités partenaires permettent au Centre d’embaucher leurs professeurs comme vacataires, et s’engagent à reconnaître ensuite ces heures de formations comme crédits acquis, reconnus pour une admission subséquente aux licences universitaires reliées.

    Les organismes locaux aides les universités en accueillant des stagiaires en L3 ou M2, sous la coordination du Centre, qui seront alors jumelé.e.s avec des jeunes locaux dans les cours EFTP, pour mener ensemble des projets de transfert de compétences dans les organisations, les exposant aux études universitaires et innovations numériques en gestion durable.

    RÉFÉRENCES

    1. https://hdr.undp.org/data-center/country-insights
    2. https://unctadstat.unctad.org/datacentre/dataviewer/US.InclusiveGrowth
    3. https://www.itu.int/hub/publication/D-IND-ICT_MDD-2024-3/
    4. https://ncsi.ega.ee/country/mg_2022/
    5. https://networkreadinessindex.org/country/madagascar/
    6. https://unctad.org/system/files/official-document/tn_unctad_ict4d17_en.pdf
    7. https://documents.worldbank.org/en/publication/documents-reports/documentdetail/099350005162234945/p1707240c74c000f40920204d74f8ae1770
    8. https://www.international.gc.ca/world-monde/funding-financement/apply_funding-demande_financement.aspx?lang=fra
    9. https://www.international.gc.ca/world-monde/funding-financement/unsolicited_proposals_guidance-propositions_non_sollicitees_guide.aspx?lang=fra